Clémentine Seigneuret est aujourd'hui Accessories Developer. Avant d'en arriver là, elle a effectué sa scolarité à l' école de mode de Toulouse, dans la même promotion que la créatrice de la marque Maly MCG. Interview de cette ancienne élève !
Portrait d'une ancienne étudiante en commerce et marketing de mode
Esimode : Vous avez été diplômée de la formation Responsable de collection - Du management et commerce de mode en juin 2012. Que retenez-vous de notre école ?
Clémentine Seigneuret : Je suis vraiment ravie de mes deux années ! J'ai suivi la formation Responsable de collection - DU management et commerce de la mode et j’ai apprécié de tout de même avoir dans ce cursus des cours de stylisme et de modélisme. Ce sont des petites bases qui me servent aujourd'hui, notamment pour la couture. Même si je ne suis pas une pro, je peux réaliser des choses. Au travail, j'essaye d'aller sur les machines industrielles et de me faire des ateliers. Je pense que ce sont des savoirs très importants dans le domaine de la conception et de la construction du vêtement.
Je garde également un très bon souvenir des intervenants que nous avons eus, notamment Marie Faure. Les stages étaient intéressants et le mémoire de fin d’année nous a permis une meilleure ouverture d'esprit.
Esimode : Pouvez-vous nous indiquer ce que vous avez fait après l'obtention de votre diplôme ?
C.S. : A la fin de mes études, je ne me sentais pas suffisamment prête à intégrer le monde du travail. J'ai donc demandé à faire un dernier stage de 6 mois à Carcasonne, dans un service achat. C'était la première fois que je travaillais dans ce domaine car j'avais fait mon stage de 1ère année au sein d'un showroom, à Toulouse. Une expérience plutôt commerciale que créative ! En deuxième année, j'ai cette fois-ci effectué mon stage au Canada, auprès d'une créatrice de bijoux et d'accessoires en cuir et en fourrure recyclée. Il s'agissait d'une marque très originale - Rachel F - qui a parcouru beaucoup de chemin depuis. Aujourd'hui, elle fait partie des créatrices en vogue de Montréal. J'ai travaillé sur des missions très variées comme participer aux shootings photo ou aider à rédiger des communiqués de presse. J'ai également traité et réalisé la production de la collection de bijoux.
Esimode : Une expérience très polyvalente !
C.S. : Oui, en raison de la petite taille de l'entreprise. Tout le monde "mettait la main à la pâte", ce qui était très sympathique mais surtout très formateur. Après cela, pour mon stage chez Chipie, j'ai travaillé sur les collections filles et baby fille, pour les pulls et accessoires. J'avais pour mission d'aider l'acheteuse à mettre au point les produits. Les stylistes nous proposaient des planches et à partir de là, nous devions mettre en place des prototypes avec les choix des couleurs, le contrôle du bien-aller, des mesures etc.
Esimode : Qu'avez-vous fait après ce dernier stage ?
C.S : On m'a proposé un poste au sein du groupe Zannier à Rillieux-La-Pape, dans la région lyonnaise, où je suis toujours actuellement. C'était un tout nouveau poste, qui portait à l'époque le nom de Technicienne. Je travaillais pour Jean Paul Gaultier Junior et Paul Smith Junior, pour les gammes bébé filles et garçons, ainsi que junior filles et garçons, pour les deux marques.
Si je peux vous donner plus de détails, les produits de ces marques sont vendus sur internet et dans les grands magasins. En conséquence, il y a ce qu’on appelle des périodes de meetings et de séminaires, au cours desquelles on présente toutes nos collections. Une équipe spécialisée se charge ensuite de les vendre et une fois cette étape terminée, on débute la production en grandes séries. Mon poste de technicienne consistait donc à mettre au point la production. Mes collègues et moi reprenions les pièces échantillonnées, puis nous contrôlions les prototypes de production dans les usines. Étant donné qu'il s'agissait de grandes séries, nous réalisions encore une fois un contrôle de mesure de la conformité du produits, qui comprenait les essayages avec les modélistes et les stylistes.
Par la suite, j'ai évolué en interne du groupe Zannier, au poste de gestionnaire pour la société Nofitex. Je travaillais avec un acheteur qui s’occupait des pulls et des accessoires, une famille de produits plus restreinte. Je gérais les livraisons et la marchandise, encore quelque chose de très nouveau pour moi ! C'était un poste mixte, pour lequel j'ai effectué du contrôle de la conformité des produits. J'avais un très gros contact avec les fournisseurs à l'étranger.
J'ai cependant donné ma démission fin 2014, en raison d'un projet de vie qui m'a conduite à Saint-Jean-de-Luz. A cette époque, j'ai postulé chez Quicksilver, où j'ai été prise en tant que Développeur produit. Cette expérience n'a cependant duré que deux mois, le temps de ma période d'essai...
La personne pour qui je travaillais au sein du groupe Zannier a été mise au courant de ma nouvelle recherche d'emploi, car je lui ai demandé une lettre de recommandation. Il m'a proposé un nouveau poste et je suis donc revenue à Lyon ! Aujourd'hui j'occupe le poste d'Acheteur Développeur pour les accessoires.
Lumière sur le poste d'Accessories Developer, en marketing de mode
Esimode : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos missions actuelles ?
C.S. : Je m'occupe des marques Jean Paul Gaultier Junior, Kenzo Kids et Lili Gaufrette. Je crée les collections d'accessoires avec les stylistes et je les accompagne jusqu’à la production. En parallèle, j'ai des missions d'achat, ce qui comprend le sourcing produit, la négociation des prix, des quantités etc.
Esimode : Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
C.S. : En premier lieu, l'aspect créatif. Après avoir reçu les croquis des stylistes, je dois mettre en place les produits en proposant des matières et des finitions. Les accessoires ne sont jamais vraiment définitifs, j'ai donc un peu plus de liberté d'action pour proposer des choses aux stylistes.
J'aime aussi le rapport avec les fournisseurs. Je travaille avec l'Asie, l'Inde et le Portugal. Je participe à toutes les étapes qui permettent de mettre au point la collection idéale des stylistes, ce qui est très intéressant. Je communique très souvent avec eux, que ce soit sur une forme, une couleur, une matière...
Ce que j'apprécie, mais que je n'ai pas toujours le temps de faire, c'est du sourcing. J'essaye de trouver des nouvelles qualités, de faire des choses en amont avant même que les stylistes le demandent. J'anticipe pour essayer de répondre à leurs besoins.
Enfin, nous fonctionnons avec deux saisons (hiver et été). A ces occasions, je me rends en Asie pour rencontrer les fournisseurs. On en profite pour parler des produits, des prix, des délais de fabrication...
Esimode : Vous confirmez donc que la maîtrise de l'anglais est essentielle dans ce type de métier ?
C.S. : Tout à fait ! C'est vrai aussi qu'on s'améliore avec le temps mais il faut au moins avoir le vocabulaire technique.
La passion d'un métier
Esimode : Quels sont les enjeux de votre métier ?
C.S. : Recevoir les planches et tous les modèles dessinés et conformes à temps ! C'est un très gros enjeu parce qu’il y a beaucoup d’aléas avec les fournisseurs !
Esimode : Quels sont les meilleurs atouts d'un développeur produit ?
C.S. : Déjà, avoir un bon suivi : savoir où on est dans le déroulement du processus, savoir trouver les bonnes informations et surtout ne pas rester bloqué. Dans ces cas-là, il faut savoir prendre des risques pour faire avancer les choses ! C'est aussi bien d'être curieux, de ne pas se renfermer sur soi et de demander, essayer de remonter à la source.
Esimode : Comment vous voyez-vous évoluer dans le futur ?
C.S. : Pour l'instant j'occupe le poste de Développeur accessoire mais je suis en formation achat en parallèle. Il me faut à peu près deux saisons été et deux saisons hiver pour pouvoir obtenir le statut. A moyens termes, mon objectif est donc d'être acheteuse.
Esimode : Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans la mode ?
C.S. : J'aime beaucoup la mode enfantine, car c'est un domaine dans lequel j'ai beaucoup travaillé. J'apprécie également la créativité, l'engouement pour suivre des tendances, l'aspect luxe... D'un point de vue global, c'est vraiment l'esthétique du métier.