Amélie Moreau a fait ses études à Esimode. Après avoir obtenu son diplôme de styliste-modéliste, elle a développé un profil professionnel polyvalent. Elle nous parle aujourd’hui de ses différentes expériences.
Portrait d’Amélie Moreau, ancienne étudiante d’Esimode
Esimode : Bonjour Amélie. Pouvez-vous nous détailler votre parcours ?
Amélie Moreau : J’ai débuté par un Bac STI Génie Mécanique option E, c’est-à-dire matériaux souples, donc un bac qui menait à devenir styliste-modéliste. Ensuite, j’ai continué chez ESIMODE avec le cursus de styliste-modéliste. Suite à l’obtention de mon diplôme, je suis partie à Marseille. Une fois là-bas j’ai dû trouver une première expérience. J’ai eu la chance d’avoir été soutenue par la patronne de Sessùn, où j’avais fait mon stage de fin d’année et qui m’a repris ponctuellement en intérim pendant quelques mois.
Ensuite, j’ai passé trois années à faire des petits boulots, personnellement très enrichissants mais pas toujours en rapport avec un travail de styliste-modéliste. Pour ne pas lâcher, j’ai travaillé en freelance (style, modélisme et prototype).
À l’aide d’un autre contact obtenu au cours d’un ancien stage, j’ai commencé mon premier poste chez France Denim en tant que styliste modéliste. J’y suis restée deux ans, c’était vraiment ma première expérience. Un travail très polyvalent où l’on faisait notre produit de A à Z, donc très intéressant.
J’ai voulu me rapprocher de chez moi, Aix-en-Provence, et j’ai obtenu un poste chez Captain Tortue. Je savais que c’était une très bonne entreprise, je l’avais dans mes premiers choix ! C’était une création de poste « responsable qualité », ce qui m’a permis d’ajouter une corde à mon arc.
Au bout d’un an et demi, mon objectif était de mettre un pied dans le groupe et d’évoluer dans la création afin d’intégrer le bureau de style, malheureusement cela n’a pas fonctionné. Lorsque j’ai compris qu’il n’y avait pas de possibilité d’évolution, j’ai quitté mon CDI pour un CDD chez Le temps des Cerises, où j’ai travaillé pour la marque garçon. Je faisais le remplacement d’un congé maternité, pendant 6 mois. À la fin du congé maternité, j’ai été à nouveau embauchée chez Captain Tortue en tant qu’assistante styliste, là aussi pour un remplacement de congé maternité. J’y suis restée 8 mois et encore une fois ça s’est très bien passé.
Suite à cela j’ai eu l’opportunité d’intégrer Deeluxe, à Marseille. C’était une création de poste sur l’enfant, garçon et fille, styliste modéliste. Ici, les beaux projets et le budget prévus à mon embauche ne se sont pas concrétisés. L’expérience n’était pas vraiment ce que j’attendais.
Enfin, Levi’s, du groupe Zannier m’a contactée pour un poste de styliste sur le segment kid-junior girl. J’ai donc décidé de quitter Deeluxe à la fin de la collection afin d’intégrer l’équipe de Levi’s Kids à Arras.
La mode, une histoire familiale
Esimode : Pourquoi avoir choisi de travailler dans la mode ?
A.M. : Ça a toujours été dans mes gènes, ma famille a longtemps travaillé dans le textile. Ma grand-mère était couturière, ma mère travaillait dans une usine de tissus, donc il y avait beaucoup de couture à la maison et j’étais assez douée de mes mains, ça s’est donc fait tout naturellement.
Esimode : Qu’aimez-vous le plus dans la mode ?
A.M. : Ce que j’aime, c’est concrétiser une idée. Lorsqu’on se dit qu’on pourrait faire quelque chose de super, j’aime le réaliser jusqu’au bout et avoir le prototype dans les mains à la fin.
Esimode : Comment avez-vous connu l’école Esimode ?
A.M. : C’était au centre d’orientation que l’on m’avait conseillée. Le diplôme styliste-modéliste d’Esimode était la continuité de mon bac et la seule école de mode sur Toulouse à l’époque.
Esimode : Que retenez-vous de votre scolarité ?
Amélie Moreau : Ce que j’ai aimé, c’est d'avoir été formée par des professionnels à un diplôme qui nous prépare pour un métier. Je ne voulais pas faire un BTS et avoir toutes les matières générales, je souhaitais apprendre un métier et c’est ce que j’ai eu.
Esimode : En quoi l’école vous a aidé ?
A.M. : À l’obtention de mon diplôme, un jury de professionnels était présent et j’ai eu une proposition d’emploi. Malheureusement, je m’étais déjà engagée à partir à Marseille donc je n’ai pas pu accepter. Une fois arrivée là-bas, il a fallu s’accrocher et prouver mes compétences, puisqu’ils privilégiaient les élèves des écoles locales. Cela ne veut pas pas dire pour autant que l'école est moins bonne. Dans tous les cas, obtenir une première expérience est toujours un challenge.
Esimode : Comment s’est déroulé votre recherche de stages ?
A.M. : On nous avait donné des cours sur les CVs et les lettres de motivation, ce qui nous a permis d’avoir un regard plus professionnel.
Évoluer dans le secteur de la mode
Esimode : Pouvez-vous nous parler de votre carrière actuelle chez Levi’s ?
A.M. : Je suis chez Levi’s depuis plus d’un an, en tant que styliste. Je m’occupe de la création, c’est-à-dire les dessins et dossiers techniques pour la fille de 2 à 16 ans. C’est un travail en collaboration avec Levi’s USA, qui nous donne les thèmes qu’on ré-adaptent au marché européen. On leur transmet ensuite toutes nos propositions et notre plan de collection. Puis la fabrication est lancée dans nos usines, tout au long de l’année.
Esimode : Quelles qualités faut-il pour exercer votre métier ?
A.M. : Je pense qu’il faut être polyvalent, donc savoir faire de la création, du modélisme et les tableaux de mesures. Savoir parler anglais, au minimum l’anglais technique. C’est indispensable car tous les dossiers techniques sont rédigés en anglais. Ensuite il faut de la persévérance, faire une collection ce n’est pas juste faire un dessin, c’est un long processus de mise au point et c’est ça qui le rend si intéressant. Pour une bonne entente dans les entreprises, il faut de la patience. Dans la mode malheureusement ce sont de gros égos et il faut savoir mettre de l’eau dans son vin.
Esimode : Quels sont vos projets futurs ?
A.M. : Je me retrouve dans une situation où je vis actuellement dans le nord et mon compagnon dans le sud, donc à terme je voudrai le rejoindre. J’ai toujours été très « écolo » mais cela ne se combine pas très bien avec la mode. Je pense donc saisir l’opportunité, quand je déménagerai, ou de créer ma marque dans le respect de l’environnement ou de changer de domaine. Évidement j’aimerai rester dans la mode puisque c’est ce qui me passionne.
En attendant j’ai créé un blog, www.meliecoop.fr rassemblant des articles sur l’écologie ainsi que des tutos couture.
Esimode : Pour vous, serait-il plus intéressant de travailler pour une marque pré-existante ou justement de créer votre propre marque ?
A.M. : J’aimerais travailler pour une marque déjà existante, si elle est implantée à l’endroit qui sera ma destination finale. Si ce n’est pas le cas, ça me paraît être l’opportunité de créer ma marque, même si c’est difficile d’ouvrir une entreprise, que cela demande des savoirs autres que la création et le textile.
Esimode : Quels sont les conseils que vous donneriez aux étudiants actuels d’Esimode ?
A.M. : Ne rien lâcher, parce que ce n’est pas facile au début mais ça en vaut vraiment la peine ! Il faut persévérer jusqu'à avoir un bon CV et s’il faut passer par le bas de l’échelle, ce sont toujours des expériences enrichissantes, qui vont nous apporter des valeurs et des contacts.
Au début on peut penser qu’être styliste, créateur de mode c’est être un peu au-dessus des autres métiers malheureusement, mais ce n’est pas du tout comme ça dans le monde professionnel. Donc la persévérance et l’humilité.